Le papillon monarque

Asclépiade et monarque: une symbiose

Les diverses espèces d'asclépiade indigènes (syriaca, incarnata, tuberosa, exaltata) et le papillon monarque (Danaus plexippus) forment ensemble une relation symbiotique. Toutes les parties de la plante contiennent un latex blanc collant, toxique pour la plupart des animaux sauf pour le papillon monarque. La chenille se nourrit exclusivement des feuilles de cette plante, sève comprise. La chenille et le papillon adulte conservent les propriétés toxiques de la sève, ce qui les protège des prédateurs. En échange de ce cadeau, le papillon pollinise l'asclépiade et lui permet de se reproduire à son tour. Actuellement menacé, le monarque a un bel avenir devant lui si l'asclépiade commence à être cultivée à plus grande échelle.

En effet, le monarque peut avoir de la difficulté à prospérer uniquement avec les petites talles d'asclépiade éparses qu'on retrouve sur les friches urbaines, bords de route et jardins privés. Soit les monarques ne pourront tout simplement pas les trouver, soit les talles seront trop petites pour suffire aux grands groupes migratoires.

Asclépiade au centre-ville de Québec


La culture de l'asclépiade, une bouée de sauvetage pour les monarques?

Les champs d’asclépiade inversent un peu la tendance qui s’observe depuis des décennies en Amérique du Nord: celle d’éliminer systématiquement cette plante jugée nuisible dans les milieux ruraux, que ce soit parce qu’elle est toxique pour le bétail ou qu’elle envahit les champs en friche. Les statistiques semblent indiquer que la population de monarques a augmenté énormément dans les sites d’hivernage du Michoacan (Mexique) à partir de 2014 environ. Et la culture à grande échelle de l’asclépiade a justement commencé au Québec et au Vermont en... 2014!

Il semblerait donc que ce soit la détérioration des aires de reproduction du monarque (lire ici le manque d'asclépiade) qui soit à l'origine du déclin des monarques. Cette conclusion, bien que quelque peu spéculative, semble être confirmée par une étude réalisée à l'Université Guelph, publiée dans le Journal of Animal Ecology et relaté dans un article du Devoir. Et justement, cette année (2020), la population de monarques a chuté dramatiquement à nouveau. Justement au moment où plusieurs cultivateurs ont abandonné l’asclépiade après 6 ans de montages russes, faute de débouchés commerciaux. 


En résumé: l'abondance d'asclépiade est primordiale pour la survie des monarques, mais cette abondance est quasi-impossible à atteindre si elle n'est pas davantage cultivée pour son potentiel commercial. C’est un peu devant cette urgence que nous inscrivons notre projet: Nous cherchons à redorer le blason de cette filière prometteuse et démontrer que les débouchés sont nombreux et possibles.

Il est très rare que l’exploitation d’une matière première et son cycle de vie soit un bénéfice net pour l’écosystème, et ce, même si elle est naturelle. Il suffit de penser au duvet ou au coton, qui sont respectivement une source importante de cruauté animale ou de dévastation environnementale... ou les deux. Sans parler des isolants synthétiques à base de pétrole!

L'asclépiade semble appartenir à cette rare catégorie de matières premières naturelles, cueillies à la main, sans cruauté et dont l'exploitation soutient l'équilibre de son écosystème et la survie des espèces qui en dépendent. C'est ce qui nous séduit le plus.


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